mardi 30 mars 2010

Invitation au voyage

En voilà un endroit particulier, hors de tout... et pourtant!Je suis une grande fan de Beaudelaire et son poème (que vous pouvez retrouver ici) dont j'ai repris le titre, n'est pas un descriptif de l'endroit dont je vais vous parler. Mais ça y ressemble fortement. Un bien-être, un plaisir, une chaleur s'en dégagent. Probablement grâce au travail de Philippe, notre hôte en salle qui a construit ce petit bateau charmant qui mouille au bord de l'Ill, au coeur de la Petite France dans une des maisons si anciennes qui peuplent le quartier. L'homme a mis deux ans à construire cette merveille de bois chaud, de laiton et de velours.



Depuis l'ouverture, en 1987, ça tient. Cette salle est un véritable écrin et ça tombe bien car la cuisine de sa femme, Babette, est un bijou qu'il faut préserver. Pensez donc, elle a ouvert avec trois entrées, trois plats et trois desserts à la carte. "J'étais complètement folle", rigole-t-elle avec le recul. Elle a tort car jamais nous n'aurions pu expérimenter toutes ces saveurs. Et cela aurait été vraiment une perte immense. Et même le grand Emile Jung ne s'y est pas trompé en venant complimenter cette folie d'ouverture.


Babette est la présidente de la jeune association "Femmes... et chefs de cuisine" créée en février dernier. La voici (deuxième en partant de la gauche au premier rang) avec ses copines de l'association, dont Sylvie Grucker (la seule blonde) et Stella Layen (1er rang, à côté de Babette), dont j'ai chroniqué les deux restaurants, Le pressoir de Bacchus et l'Amuse-Bouche, sur ce même blog. Attention, au sein de l'association, on ne combat pas les hommes, on aide les femmes qui veulent (bien) travailler en cuisine. Une différence subtile mais fondamentale!
Mais revenons à la Cambuse. Je l'ignorais, mais c'est ainsi que l'on nommait (nomme?) les endroits où l'on stocke la nourriture dans les bateaux. Rien n'est laissé au hasard...


Et commençons par l'amuse-bouche car une fois encore, j'ai laissé le chef faire et choisir pour moi... et pour ma soeur, venue me rendre visite et qui, je pense, ne le regrette pas! Nous l'avons dégusté en terrasse car tenez-le vous pour dit, la Cambuse est petite mais toujours remplie. Appelez avant de venir! Revenons à cette fraîcheur de concombre et potiron... ma foi très bien nommée. Le concombre est formidable, goûteux tout en étant très frais. Le potiron est en mi-purée, mi-concassé avec des petites graines de pavots qui ajoutent du croquant, l'assaisonnement est parfait. Belle entrée!


La suite est à l'avenant. Vous voyez ce bâton à droite? C'est de la rhubarbe avec une crème à la crevette. Allergique à ce produit, c'est au goût de ma soeur que je me réfère, elle qui a trouvé cette association ultra-fine, avec le jus de la rhubarbe qui sublime le goût de la crevette. Voyez la verrine à côté: c'est une purée de patates douces surmontée de foie gras. Et là, on vous promet une douceur incroyable avec un mariage de saveurs équilibré à l'extrême et pas mièvre pour deux sous. Sans oublier les pignons de pin pour le croquant. Les ravioles champignons et sésame ont un petit goût fumé délicat.

La suite de l'entrée! L'escargot avec sa feuille de bambou. Il y a du gingembre, du cumin, de la coriandre, de la citronnelle: c'est bien là cette invitation au voyage. Elle continue avec la raviole à la tomate sur son lit de roquette. Une alliance sucrée-salée avec du cumbava (citron vert asiatique): mes notes disent: divin mélange acidité, sucre, poisson, herbes ->TOP. Le nori de crabe et saumon raconte une histoire: celle du goût de mon enfance et de la cuisine camerounaise de mon père. Et en plus, c'est vivant... enfin, vous verrez!


Babette avait décidé de nous gâter alors quand une table s'est libérée, elle a continué avec les saveurs avec ce tartare de saumon et de dorade, avec huile d'olive et de sésame, avec un mélange de 4 épices. Le mieux, c'est de goûter les deux poissons séparément, puis de les réunir. C'est à la fois chaleureux et frais, et le goût de noisette de la dorade est si doux, juste piqué par les épices et les herbes... Ah et ne pas oublier le divin Riesling qui a été servi avec ce repas, un grand cru, vieilles vignes 2007 du domaine Schmidt... Accord parfait! Merci Jean-Pascal, qui officie en salle avec Philippe. Des hommes discrets, gentils, disponibles aussi.


Je ne veux pas gâcher le plaisir de la surprise de ce poisson servi dans sa feuille de bananiers. C'est citronné, acidulé donc mais doux aussi avec ses petits légumes craquants et servi avec un riz thaï au parfum fort et délicat.
Quant au dessert, eh bien, je vous laisse deviner, il faut bien qu'il y ait une découverte, que diable. Je peux juste vous promettre que les desserts de la Cambuse sont à l'avenant: goûteux, doux et aussi, important, légers!
Et le prix, me direz-vous? Je vous répondrais qu'il pourrait paraître élevé, mais qu'avec toutes ces qualités réunies, ce bon moment passé n'aura justement pas de prix.
Courrez-y!

Restaurant La Cambuse
1 rue des Dentelles
67000 Strasbourg
tél.: 03 88 22 10 22

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