dimanche 1 novembre 2009

Où l'on tutoie le nirvana

L'émotion en gastronomie, c'est quelque chose. C'est rare, précieux... parfois inattendu. C'est une addition de sentiments, de goûts, d'odeurs, de sensations... Eh bien ce nirvana où la première fourchette vous transporte, où vous fermez les yeux tellement c'est divin, je l'ai expérimenté. C'était à l'Auberge du Frankenbourg, chez les frères Guillaume et Sébastien Buecher.
Sébastien, le chef, m'avait avisée il y a une bonne année de cela qu'ils allaient faire des travaux dans l'auberge autrefois tenue par leurs parents. Me voici donc sur la route de La Vancelle, petit village en haut d'un coteau, à quelques kilomètres de Sélestat, accompagnée pour l'occasion de ma douce maman (par ailleurs auteure du titre de ce billet).
Le bâtiment qui est sorti de terre est sobre, équilibré, chaleureux, intemporel: du bois juste verni en couleur naturelle, de l'écru, des charpentes apparentes, des plantes vertes! L'accueil réservé à chaque client est exactement dans la même tonalité.
Mais commençons ce repas par un apéritif et un amuse-bouche, servis par Guillaume, qui lui, s'occupe de la salle.



Pour l'apéritif, soupe de potimarron avec des sticks nature. Basique me direz-vous, surtout en cette saison. Eh bien, non, pas si basique. Onctuosité, subtilité et produit exceptionnel au programme, le tout servi dans un tube à essai... qu'on n'est même pas frustré de terminer car même la dose est juste. Quant à cet amuse-bouche que vous voyez ci-dessus, c'est un tartare de thon rouge, salade de soja et purée de guacamole, au premier plan. En revanche, la petite mousse derrière venue de la mer ne vous révèlera pas son mystère. Pour les écolos, j'ai fait remarquer au chef que c'est pas bien le thon rouge. Il le sait. C'est dit. Mais c'est juste pour l'éthique et l'environnement car cet amuse-bouche était là aussi une réussite avec une pointe de wasabi qui vient frapper vos papilles en toute fin de dégustation et relève le reste. Du grand art.


Observez bien cette entrée. Ce sont des escargots. Non, vous ne rêvez pas. Et ces petite billes étranges et translucides, ce sont des oeufs d'escargots. Ce plat, c'est tout simplement des escargots avec un flan à l'ail et quelques mouillettes. Peut-être que son nom officiel est celui-ci: meurette d'escargots, jaune d'oeuf et royale d'ail. Mais je l'aime moins car il gâche la surprise. Celle de l'oeuf mollet qui se trouve au centre du lit constitué par le flan à l'ail. Côté goût, c'est tout simplement divin, surtout avec le Riesling servi pour l'accompagner (Buecher 2002, un simple homonyme). Désolée, je risque bientôt d'être à cours de superlatifs... En fait, c'est très simple, ce plat onctueux, goûteux, équilibré et délicat est une pure tuerie. Et c'est tout.

Cette viande, je ne l'ai pas retrouvée sur la carte. L'avantage de mon job, c'est aussi de se laisser guider par le maître des lieux, qui sort parfois de sa carte. Tant mieux. Et donc, voici un ris-de-veau pané au pop-corn sur sa galette de maïs, accompagné d'une fondue de chou rouge. La tendreté de la viande et sa finesse sont idéalement contre-balancées par la panure ultra-croustillante. Quand vous ajoutez la fondue de chou-rouge, la pointe d'acidité qu'elle apporte fait ressortir le reste. Et la galette... C'était tout simplement magnifique, surtout avec un Beaujolais pile-poil dans la vibe. Bon, j'ai demandé la recette mais en fait, j'y retournerai, ce sera plus simple... et surtout bien meilleur!

Petit clin d'oeil concernant ce pré-dessert: une gelée de marron et une mousse d'EGLANTINE! Ceux qui peuvent comprendront! Quoi qu'il en soit, cela a inspiré une réflexion maternelle : " C'est l'enfant Jésus en culotte de velours". En clair, c'est sobre, parfumé, point trop sucré et avec une texture aérienne et différenciée. Une excellente transition.


Et pour finir en beauté, le dessert. Un biscuit coco, glace ananas et un parfait au rhum et pinacolada. Depuis l'enfance, je ne suis pas fan de la noix de coco. Mais là, j'ai vraiment aimé. Le biscuit à la fois léger et goûteux, la glace et sa fraîcheur, le parfait et son arôme.
Du début à la fin, on a tutoyé la perfection. Sébastien et Guillaume Buecher ont décroché une étoile Michelin, trois toques au Gault&Millau, et Sébastien vient d'être nommé Jeune Talent de l'année par ce même guide. Et vous savez quoi? Toute cette qualité, ces produits, etc... sont très accessibles! Le menu tentation (bien nommé!) est seulement à 37 euros! Courrez-y vite!

L'auberge du Frankenbourg
13 rue du Général de Gaulle
67730 La Vancelle
site: http://www.frankenbourg.com
Tél : 03 88 57 93 90
mél: info@frankenbourg.com

2 commentaires:

isa a dit…

très belle description pour et établissement qui mérite le détour.
Nous n y avons jamais été décçu...bien au contraire..

mistigri a dit…

J'y suis allée ... et effectivement ce repas était DIVIN, très agréable moment. Un service très pro, une cuisine fine, raffinée, exquise. Un moment inoubliable riche en découvertes gustative. Très accessible, vraiment j’ai hâte d’y retourner.